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Joker

Titre : Joker

Réalisateur : Todd Phillips

Bande annonce

Genre : Drame, DC 

Durée : 2h02

 

 

Pour la petite histoire :

 

J'avais déjà très envie de voir ce film, rien qu'en découvrant la bande annonce (enfin un teaser qui ne nous révèle pas la moitié de l'histoire en deux minutes d'images), envie qui a bien sûr été doublement amplifiée lorsque j'ai eu le retour de plusieurs de mes amis qui avaient adoré. Ce qui a été assez fascinant, c'est de voir à quel point tout le monde a adhéré à ce film, même ceux qui n'avaient pas du tout les mêmes goûts. Bref, un grand moment de cinéma que je ne pouvais pas manquer de voir sur grand écran, et en bonne compagnie, afin de pouvoir débriefer après !

 

 

Résumé du film :

 

Ce film, qui relate une histoire originale inédite sur grand écran, se focalise sur la figure emblématique de l'ennemi juré de Batman.

En 1981, à Gotham City. Arthur Fleck travaille dans une agence de clowns. Méprisé et incompris, il mène une vie en marge de la société et vit dans un immeuble miteux avec sa mère Penny. Un soir, il se fait agresser dans le métro par trois hommes, le poussant à les tuer en retour. Si son geste inspire une partie de la population, Arthur bascule lui peu à peu dans la folie pour devenir le Joker, un dangereux tueur psychotique. 

 

 

Ce que j'en ai pensé :

 

Je ne sais même plus combien d'articles ou de vidéos j'ai vu passer dernièrement dans la presse, généralement pour vanter les louanges de Joker, parfois aussi pour le dénigrer, mais en tout cas c'est sûr, tout le monde en parle. Ça tombe bien, j'aime parler !

 

Commençons par le commencement. À mes yeux, Joker, c'est avant tout un fascinant personnage. Le premier de mes amis à avoir vu ce film m'a dit en en revenant : "Jamais tu n'auras autant été mal à l'aise devant un film, mais c'est incroyable.". C'est tout à fait ça. Arthur Fleck est un personnage malade qui nous rend profondément mal à l'aise (ses crises de rire, son mal être, son corps, ses gestes...), et qui vit dans un monde angoissant de par sa violence, et son esprit qui petit à petit déraille de plus en plus vers la folie. Malgré cette ambiance étrange, de plus en plus malsaine, qui l'entoure et le suit, en tant que spectatrice j'étais avec lui, j'avais de la compassion jusque dans les pires moments de sa lente descente aux enfers. J'ai été fascinée par cet homme dont on ne peut que comprendre le point de vue, malgré ses actes déplacés. En ça, j'ai un peu pensé à J'irai cracher sur vos tombes, de Boris Vian... un personnage dont on ne peut que réprouver les actions, mais dont on a été suffisamment proche lorsqu'il était encore lucide et cohérent pour se sentir concerné. Ce que j'aime aussi beaucoup chez Arthur Fleck, c'est à quel point les soubresauts de l'esprit passent aussi par le corps. Il y a de nombreuses scènes de danse, qui accompagnent l'évolution d'Arthur Fleck vers le Joker, qui sont sans doute ce que j'ai préféré dans le film. Impossible de parler du Joker sans parler de Joaquin Phoenix. Je m'aligne sur ce que pense la plupart des critiques : sa prestation est incroyable. 

 

J'ai apprécié également le réalisme du film. Gotham est une ville fictive, connue pour être pervertie par les criminels en tous genres... on retrouve dans Joker un Gotham empli de violence et de haine mais qui présente une société étonnamment vraisemblable et facile à rapprocher de la réalité qui existe aujourd'hui, en particulier aux États-Unis. À l'heure où les riches sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres, Gotham ne nous paraît pas si loin de nous. Les scènes de violence sont également ancrée dans la réalité, tous les personnages sont de chairs et de sang, et aucun coup de poing ne laisse un personnage se relever indemne pour en envoyer un autre. 

 

Les thèmes abordés dans Joker sont aussi particulièrement intéressants. La plupart sont forcément rencontrés à travers le prisme d'Arthur Fleck : la difficulté du handicap, le rejet par la société, la normalisation qui condamne la différence, l'isolement... mais tous ces sujets sont révélateurs de quelque chose de plus grand, d'une société malade, qui rejette les individus considérés comme une cause vaine ou peu lucrative pour la société. Arthur Fleck n'est qu'un de ces individus qui peuplent Gotham, même si son cas est sans doute l'un des plus extrême, ce qui expliquera la dérive du personnage, qui sombre dans la folie. C'est là toute la force du film, si Arthur est devenu le Joker, c'est surtout à cause de ceux qui n'ont rien fait pour lui, de toutes les formes d'autorités qui l'ont abandonné, aussi bien qu'à cause de sa maladie mentale.

 

Pour parler un peu du film en lui-même, Joker est un long métrage qui dure environ deux heures, et dont le rythme est assez lent, ainsi que très éloigné des scénarios classiques de ce genre de registre. Malgré ça, l'intrigue n'a rien à envier aux autres films de super-héros et/ou antagonistes. On ne s'y ennuie pas une minute, on ne sait jamais où la scène suivante va nous emmener, et même si la fin est envisageable puisque nous connaissons déjà le Joker, le final laisse sans voix, du moins ce fut mon cas. J'ai aimé le temps qui est accordé à la construction du personnage, au psyché d'Arthur Fleck qui devient le Joker. La folie ne s'explique pas, mais le mal à tout de même certaines origines. Ce qu'il y a de plus fascinant à mes yeux, c'est que ce ne sont pas les mots qui cherchent à expliquer, mais souvent les gestes, le corps qui s'exprime davantage.

 

Enfin, le dernier point que je souhaiterais aborder, c'est l'esthétique du film. Je ne suis pas une experte en cinéma, mais j'ai remarqué à quel point les plans sont variés, et parfois, j'avais totalement l'impression d'être en plein milieu d'un film d'auteur, bien loin de l'univers DC. J'ai trouvé ce film vraiment beau, d'un point de vue visuel. Pas de grands effets, ni d'explosions, ni de scènes de baston à ne plus savoir où donner du regard... mais une esthétique soignée, des couleurs éclatantes au milieu de la saleté terne de Gotham. Je trouve que cette esthétique tire le film vers quelque chose de plus grand. À mes yeux, c'est ici qu'on voit s'effacer certaines frontières entre le grand cinéma et le cinéma de blockbuster, ou le cinéma de super-héros. Joker est un film DC, qui parle de l'histoire d'un antagoniste, celui de Batman, mais c'est aussi un grand film, qui nous parle de notre société, de certaines de nos réalités, et qu'on ne peut définitivement pas cantonner à un seul genre.

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