L'algorithme des instants inoubliables

Je ne vais pas faire de mystère, j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir le premier roman d'Hélène Balvay ! Je vais expliquer mon point de vue plus en détails par la suite, mais si vous êtes déjà tenté de découvrir L'algorithme des instants inoubliables, je vous le recommande sans avoir besoin d'en lire davantage à son sujet. C'est un feel-good bien maîtrisé, qui se déroule dans un univers original tout en nous apportant la douceur propre à ce genre littéraire. Voilà, c'est dit !

 

À présent, attaquons nous au vif du sujet. Je vais commencer par parler des personnages, un point toujours primordial à mes yeux de lectrice. L'histoire, ou plutôt les deux histoires, nous sont racontées à travers le regard d'Éva, une jeune femme intelligente et pleine d'ambition, à laquelle je me suis attachée en deux coups de cuillère à pot. Même si nous avons le même âge, nos vies comme nos aspirations n'ont rien à voir, toutefois, j'ai été touchée par sa vision des choses, son caractère volontaire et sa peine au début de l'histoire. Je pense qu'on a tous eu le sentiment de devoir rétro-pédaler et repartir dans une autre direction après un échec ou la fin d'une période de notre vie. Pour bien l'entourer, quelques personnages secondaires intéressants, ses amis, sa famille... en les personnes de Craig, Fayad, Élise, Julie, Gaspard, Alexis... Des prénoms derrière lesquels j'ai aimé découvrir de belles personnes, même si parfois j'aurais eu envie d'en savoir un peu plus sur eux.

 

Ensuite, l'intrigue ! Éva doit repartir de zéro après s'être brûlé les ailes, elle décide pour cela de quitter New-York afin de gagner la France, plus précisément le Cantal. Le pitch de départ peut ne pas paraître très original, mais l'univers créé par l'auteure tout autour le rend riche et passionnant. Découvrir le monde des starts-up, du commerce, du marketing et de la communication, à travers l'entreprise créée par Éva et ses amis aux États-Unis ou au milieu du Cantal, dans le paisible domaine de Revel, c'est carrément prenant ! On sent que l'auteure sait de quoi elle parle, et je pense qu'il faudrait alors être bien difficile pour ne pas se laisser entraîner dans l'histoire d'Éva.

 

Je ne crois pas l'avoir déjà mentionné, mais l'histoire d'Éva, justement, se construit sur deux temporalités, qui jouent au ping-pong dans chaque chapitre. Si le présent et le passé se répondent très bien, il y a fatalement eu quelques moments où l'une des deux intrigues prenait un peu le pas sur l'autre dans ma curiosité. Je pense que c'est assez inéluctable dans ce genre de contexte, mais ça ne m'a pas dérangé.

 

En plus de jouer sur deux temporalités, le roman est lui-même découpé en trois parties différentes, qui se suivent toutefois chronologiquement, pas de panique. Pour ma part, j'ai directement plongé dans la première partie, pleine de curiosité et de fascination pour les deux temporalités de l'histoire. Je me suis un peu essoufflée dans la seconde partie, qui ne manque pas d'action, mais dont j'ai trouvé certains passages un peu longs. J'avais envie d'en savoir plus, en particulier sur le passé d'Éva, et j'aurais apprécié que certains chapitres accélèrent un peu le rythme. Toutefois, c'est exactement ce qui arrive vers la fin de cette deuxième partie, et qui nous fait rapidement embrayer sur la troisième et dernière. À partir de là, j'ai dévoré la fin et n'ai plus décroché du roman jusqu'à la page finale !

 

Globalement, je pense donc pouvoir dire que L'algorithme des instants inoubliables à été pour moi une très bonne lecture. Ce que je pense avoir le plus apprécié, c'est la façon dont Hélène prend à contre-pied ce que je pensais voir arriver de loin. Je regardais certaines intrigues se profiler, un peu mi-figue mi-raisin, en mode : "Oh, voilà un cliché qui pointe le bout de son nez." et en fait... pas du tout. Ce qui en fait une surprise d'autant plus agréable à mes yeux ! J'aime qu'on me surprenne et ici le pari est réussi.

À propos d'Hélène Balvay :

 

Éloïse Hailone : Peux-tu te présenter rapidement ? Quelques mots pour te décrire de la manière qui te convient.

Hélène Balvay : Je m’appelle Hélène (à ces mots, on m’a souvent fredonné la chanson éponyme, jusqu’à une collègue chinoise, ce que je trouve assez énorme !). Je suis née à Metz et j’ai grandi dans la région bordelaise. Je suis installée depuis plus de dix ans en Allemagne, à Hambourg, où j’ai rencontré mon mari et eu mon fils. 

 

Éloïse : Peux-tu décrire en quelques mots ton parcours ? Tes études, ton métier, tes expériences… ?

Hélène : J’ai fait une prépa et des études commerciales, d’abord à Nantes, puis aux États-Unis dans l’Ohio après un passage de quelques mois à New York. J’ai travaillé dans plusieurs start-ups, notamment dans le milieu du e-commerce et pour des enseignes de mode. Je travaille toujours à plein temps en tant que product manager dans la logistique internationale pour les e-commerçants. 

 

Éloïse : As-tu d'autres passions en dehors de l'écriture ? Musique, peinture, cinéma… ton chat ?

Hélène : J’adore le cinéma et la musique, même si je peux y consacrer beaucoup moins de temps ces dernières années. Je rêve de retourner voir un film au cinéma et d’assister à un concert ! Le dernier film que j’ai vu en salle, ça remonte à janvier 2020 et c’était Les Quatre filles du docteur March, de Greta Gerwig ; mon dernier concert, c’était Talisco. 

 

 

À propos de L'algorithme des instants inoubliables :

 

Éloïse : Peux-tu me parler de L’algorithme des instants inoubliables, comment en es-tu venu à l'écrire ? D'où est parti l'idée qui t'as lancé dans ce projet ?

Hélène : J’écoutais beaucoup de podcasts à l’époque, notamment celui de HBR (Harvard Business Review). En avril/mai 2017, j’ai écouté l’interview de Sheryl Sandberg, COO de Facebook, dans laquelle elle évoquait le thème de la résilience après la mort subite de son mari deux ans plus tôt. Je me suis mise à imaginer leur rencontre et ce que pouvait être la vie d’une femme à un poste comme le sien, mariée à une personne qui travaille dans le même milieu et dont le travail prend tellement d’importance que privé et professionnel se mélangent intimement. C’est de là que tout est parti.

 

Éloïse : De combien de temps as-tu eu besoin pour écrire ce roman ?

Hélène : Il y a eu de nombreuses étapes ! J’ai écrit le premier jet du roman pendant l’été et l’automne 2017. J’ai ensuite fait une pause d’une année pendant mon congé parental avant de reprendre le texte pour la première réécriture que j’ai démarrée en novembre 2018. Et il y avait du boulot ! En septembre 2019, j’avais une première version terminée. À ce stade, je n’avais encore dit à personne que j’écrivais ! J’ai eu la chance qu’un de mes amis, Sélim (@selimniederhoffer), me propose de me lire, un premier lecteur bêta en or qui m’a énormément apporté grâce à ses connaissances pointues en copywriting et coaching. J’ai repris le manuscrit pour une seconde réécriture qui a duré jusqu’à début 2020. J’ai ensuite eu deux retours supplémentaires de lectrices bêta – Cécile (@cecile_desnouhes dont j’ai aussi été la lectrice bêta) et Noémie – entre l’été et l’automne 2020. Ce qui a donné lieu à ma troisième réécriture, pour aboutir à la version finale que j’ai publiée en avril 2021. 

 

Éloïse : As-tu une anecdote particulière ou amusante à raconter à propos de ton roman ? Un retour d'un lecteur ? Ton chat qui a mangé ton manuscrit pendant le premier jet ?

Hélène : J’ai longtemps eu quatre fins alternatives en tête pour ce roman. Une s’est imposée comme une évidence. Pourtant, j’ai été prise de gros doutes à la dernière minute ! Mais Éva savait ce qu’elle voulait, alors j’ai bossé dur sur le fil du rasoir pour que sa fin fonctionne parfaitement. J’espère que c’est réussi !

J’ai découvert une autre anecdote en recherchant le fameux podcast qui m’a inspirée au départ. Il se trouve qu’il a été publié le 27 avril 2017. Quatre ans plus tard, jour pour jour, j’ai publié L’Algorithme des instants inoubliables. Moi qui me suis beaucoup reproché d’avoir publié trop vite et qui ai regretté de ne pas avoir attendu encore quelques semaines pour faire un meilleur lancement, je me dis que mon intuition ne m’a finalement pas murmuré cette date au hasard !

 

 

À propos d'écriture :

 

Éloïse : Comment t'est venu l'envie d'écrire de manière générale ? À quel moment de ta vie et pourquoi ?

Hélène : J’ai commencé à écrire quand j’avais 11 ans et j’ai continué pendant l’adolescence. À l’époque, la littérature jeunesse était beaucoup moins riche qu’aujourd’hui et je ne trouvais pas à m’identifier aux histoires proposées où les filles en tant qu’héroïnes principales étaient très rares. C’est ce qui m’a donné envie d’écrire mes propres histoires. Il y a eu ensuite un gros hiatus au moment de mes études et de mes débuts dans la vie active. Et puis, au détour d’une période où j’ai beaucoup douté de mes choix de vie, l’envie de prendre la plume est revenue me chatouiller. 

 

Éloïse : Quand, où écris-tu ? As-tu un rituel d'écriture ?

Hélène : À mon bureau, sur mon canapé, dans mon lit, debout dans ma cuisine… partout ! Je vole beaucoup le temps à droite et à gauche pour écrire, d’où ce processus un peu nomade et sans réel rituel. Quand j’ai la possibilité de me prendre vraiment un moment pour écrire, je prends mon ordinateur, un thé, un stylo, mon bloc-notes et mon téléphone où je consigne mes idées quand je ne suis pas devant un écran, je m’installe confortablement, dans le calme et le silence, et je m’y mets. 

 

Éloïse : As-tu une méthode d'écriture ? Plutôt plan détaillé ou improvisation ?

Hélène : Mes premiers jets sont complètement spontanés, pour ainsi dire en écriture automatique. Je jette sur le papier tout ce qui me vient en tête, pas forcément dans un ordre chronologique. Petit à petit, je vois la structure et la direction de l’histoire émerger. Avant de démarrer la réécriture, je me fais une chronologie et un plan global que je retravaille et affine pendant la première réécriture. Le plan et ma chrono deviennent alors des outils essentiels.

 

Éloïse : Quelles lectures t'ont inspiré ? Dans la vie ? Et pour L’algorithme des instants inoubliables ?

Hélène : Je suis une grande fan de Jane Austen. Mon préféré est Persuasion dont j’aime la maturité. Un roman contemporain qui m’a beaucoup marquée est Carry Pilby de Caren Lissner. Dans les deux, il y a des flashbacks qui éclairent la situation dans laquelle se trouve l’héroïne, sur son parcours et ses blessures, et participent au chemin vers sa libération, comme dans L’Algorithme des instants inoubliables. Je dis ça maintenant, mais l’influence de ces deux romans est complètement inconsciente. Je pense que les structures narratives que j’ai aimées sont quelque part imprimées en moi et elles ressortent sans que je les cherche ou que je m’en aperçoive sur le coup.

 

Éloïse : De prochains projets d'écriture en perspective ?

Hélène : Pleins ! Mon cerveau est en ébullition permanente. Mon second roman est en première réécriture pour une sortie début 2022. J’enchaînerai successivement sur la réécriture de deux romans à l’état de premier jet déjà assez structurés. Puis j’ai deux autres premiers jets qui m’attendent pour une réécriture. Et il n’est pas impossible qu’une nouvelle histoire germe sans prévenir dans ma tête pendant ce temps-là !

 

 

À propos d'édition :

 

Éloïse : L'auto-édition : un choix ou une nécessité ? Comment as-tu vécu cette expérience avec L’algorithme des instants inoubliables ?

Hélène : L’auto-édition a toujours été dans ma tête. J’ai travaillé pour une plateforme d’impression à la demande et d’auto-édition il y a une dizaine d’années, donc je n’avais pas d’a priori et je savais pourquoi les auteurs passaient par ce biais pour publier, qu’il y avait beaucoup d’auteurs talentueux, et que les frontières entre auto-édition et édition étaient poreuses. 

En me lançant avec L’Algorithme des instants inoubliables, je savais que ça allait être beaucoup de travail, mais en faire l’expérience a été une aventure encore plus grande que je l’imaginais. J’ai tout fait toute seule. Quand j’ai fixé ma date de publication, je savais que je n’étais pas tout à fait prête, notamment pour tout le travail de promotion en amont, mais je ne voulais plus reculer la date. J’avais besoin de me lancer. 

 

Éloïse : Si tu avais le choix aujourd'hui : maison d'édition ou auto-édition ?

Hélène : J’aimerais beaucoup devenir une autrice hybride. Maison d’édition et auto-édition ont chacun des avantages et des inconvénients et un projet de livre peut convenir à l’un et pas à l’autre. Je pense que c’est très enrichissant de faire l’expérience des deux univers, c’est pourquoi vivre une collaboration avec un éditeur me fait très envie maintenant.

 

 

Et sinon, le plus important :

 

Éloïse : Quel est ton dessert préféré ?

Hélène : Le New York cheesecake et la forêt noire.

 

Éloïse : As-tu un porte bonheur ?

Hélène : Non.

 

Éloïse : Une musique pour casser la baraque ?

Hélène : Si j’ai envie de me défouler un bon coup, Song 2 de Blur est une valeur sûre. 

 

Un grand merci à Hélène Balvay d'avoir bien voulu répondre à mes questions et se prêter au jeu de l'interview. :D

Si cet article vous a rendu curieux ou curieuses, plusieurs options s'offrent à vous !

 

D'abord, vous pouvez aller faire une petite visite sur le site web d'Hélène Balvay, vous y trouverez toutes les informations nécessaires concernant son roman. Ensuite, si vous avez envie d'un peu plus de lecture, Hélène a également un joli compte Instagram, où elle propose d'intéressants posts sur l'auto-édition et l'écriture, ses séries préférées ou des citations pour faire le plein d'inspiration. Enfin, si vous êtes plutôt old school, elle a également un compte Facebook sur lequel retrouvé les dernières informations concernant son roman... ou les prochains à venir !