· 

Le processus d'écriture

Récemment, je me suis mis en tête d'écrire un article plus long que mes chroniques littéraires et cinématographiques, et si possible pertinent (c'est bien pertinent quand même). Alors, j'ai cherché de quoi je pourrais parler, surtout une idée où j'aurais des choses à dire, et pas juste des banalités (bien que je sois également douée pour ça, aucun soucis là-dessus). Comme il se trouve justement que je passe un certain temps, plutôt non négligeable, à écrire, ça m'est apparu comme une bonne direction à suivre, malgré le relatif manque d'originalité du sujet (mais ça va être bien !). 

 

J'ai lu plusieurs articles d'autres auteurs, sur leurs routines d'écritures, leurs techniques, leurs petites astuces... Ce qui en ressort, c'est que chacun à sa patte, son truc, et finalement c'est assez enrichissant de découvrir comment fonctionnent les autres, de piocher quelques bonnes idées, puis de les adapter à soi, parce que je pense que personne n'écrit de manière similaire, nos cerveaux sont bien trop compliqués pour procéder tous exactement de la même façon dans cet art créatif qu'est l'écriture. 

 

Bref, j'en viens donc aux faits, je souhaite vous parler de mon processus d'écriture, le mien que j'ai construit et façonné depuis que je me suis décidée à devenir écrivaine, en cinquième (c'est très extrapolé, si vous voulez en savoir plus allez lire ma petite fiche perso). Je ne vois nullement cet article comme un guide d'écriture, parce que je n'ai aucune idée de la validité de ma façon de procéder. J'ai adapté ma manière de faire à mes envies, mes besoins, mes attentes... en fait, c'est plutôt un : "Bienvenue dans la tête d'Éloïse !" qu'un "Voici comment faire pour écrire un livre.". 

1 - Avoir une bonne idée

 

Honnêtement, ça va sans doute faire très cliché de l'écrivaine lunaire, mais pour ma part, mes idées jaillissent un jour dans ma tête, un peu comme du pop-corn, mais généralement une par une tout de même, ne nous emballons pas. Des fois elles tombent de nul part (disons que je n'arrive pas à avoir conscience de l'élément déclencheur), mais plus souvent elles proviennent d'une situation, une rêverie, un livre ou un film (qui n'a jamais souhaité réarranger l'histoire ?)... D'un coup, je m'arrête, et ça défile dans ma tête. Parfois je suis juste dans mon lit et je me dis : "Tiens… ça ferait un truc cool ça !"

 

En général, c'est un moment clef qui me vient à l'esprit, ou une fin, ou un début et une fin (mais ça reste rare d'avoir beaucoup d'éléments du premier coup). Une partie forte de ce que je voudrais imaginer dans l'histoire, de ce que je pourrais avoir envie de dire autour d'un sujet précis, mais ce n'est qu'un bout, à chaque fois. 

 

Ce genre de moment, j'en vis relativement régulièrement, et dans tous types de contextes. Souvent, je me dépêche de trouver un support : un fichier sur mon ordinateur (si j'ai la chance de l'avoir sous la main), une note dans un carnet, quelques lignes rédigées rapidement dans le bloc note de mon téléphone... ou si je n'ai vraiment pas de chance, écrites sur une feuille volante (elles ne vivent pas longtemps celles-là malheureusement). C'est donc un phénomène plutôt courant, j'ai de nombreuses idées, un nombre incroyable de fichiers (je finis toujours par tout noter dans mon ordinateur) allant de quelques lignes floues à deux ou trois pages de descriptions. 

 

Chouette ! Un vrai hangar anti-page blanche. Pas vraiment. Parmi tout ce beau bazar auquel j'essaie de faire attention, il n'y en a que très peu qui vont réussir à aboutir à quelque chose de concret, c'est à dire un roman ou même une nouvelle. Une idée qui me paraît bonne sur le coup et que je note dans la précipitation pourra se révéler sans intérêt ou inexploitable quelques jours plus tard. Arriver à avoir un vrai concept, qui pourra donner lieu à un début, un milieu et une fin, ça n'arrive pas tous les quatre matins en vérité. Mais personnellement, je joue sur la multitude, je note tout, et de temps en temps je retourne voir si quelque chose m'inspire.

2 - Développer son idée

 

Comme je l'ai dit, un bon paquet des idées que je vais avoir... vont rapidement finir à la poubelle. Oui, cette idée m'a parue vraiment belle et pleine de potentielle, j'ai imaginé parfois plein de choses autour qui me laissaient présager une super histoire. Mais non. Ça ne tient pas la route, ça n'a pas assez de sens, il n'y a pas de vrai message, et au final l'intérêt d'un lecteur retomberait vite parce que je n'ai pas assez de matière pour vraiment construire quelque chose. L'idée était sympa sur le moment, mais de là à en faire tout un roman ? On dirait bien que non.

 

Quoi qu'il en soit, une idée a toujours besoin de mariner dans ma tête, parfois longtemps… parfois même vraiment très longtemps. Quelques fois par le passé, emportée par une idée que je trouvais géniale, tellement originale et inspirante, je me suis tout de suite jetée corps et âme dans l'écriture. Spoiler, ça n'a pas marché, mais alors, pas du tout. En général, ça donne entre 40 et 70 pages... et puis plus rien, parce que ce n'est pas assez mûr ou développé, et par la suite c'est très dur (voire impossible pour moi) de revenir sur ce projet. Un projet entamé puis abandonné est un projet mort (musique triste de film). Même si l'idée était géniale, avec un développement bien (mais trop vite) pensé, il finit par être bancal parce que j'ai foncé tête baissée dans l’écriture.

 

Je me retrouve bloquée dans une situation impossible, je réalise que j'ai truffé mon texte de problèmes incohérents, et je constate tristement qu'il faudrait que je reprenne tout, pour que ce soit coordonné et qu'il y ait une unité dans ce que je viens de passer deux ou trois mois à écrire comme une folle chaque soir après les cours (oui, dans cette période là de ma vie j'allais encore en cours, mais plus maintenant, hé hé hé). Enfin voilà, je viens de donner tout ce que j'avais en terme d'inspiration, et maintenant je me retrouve face à toutes ces pages qu'il faudrait relire, reprendre, et dont il faudrait revoir parfois des chapitres entiers, voire même en jeter... et l'histoire n'est même pas terminée, et je suis bloquée à cause de ce que j'ai déjà fait et qui ne colle pas avec la suite que j'ai pensée, et... je n'en vois plus le bout.

 

C'est ce qui m'est arrivé durant de nombreuses années. Je pensais que lorsque je sentais venir l'inspiration, il fallait que je la saisisse et que je m'y accroche coûte que coûte. Sans doute que j'envisageais un peu trop l'écriture comme un sprint, comme un élan puissant. Aujourd'hui, avec l’expérience et la maturité, j'ai level up. Je comprends que l'écriture d'un roman est une course d'endurance, qui demande certes de la créativité et de l'inspiration, mais aussi du temps, de la patience, et une réflexion poussée sur mon travail. Ainsi, ces nombreux projets que j'ai entamés de cette façon là reposent en paix dans des dossiers classés sur mon ordinateur... je n'y ai pour l'instant jamais retouché.

 

 

Développer une bonne idée demande donc... pas mal de temps (en ce qui me concerne en tout cas). Lorsque j'arrive à en trouver une, qui a du corps, qui tient la route, qui me semble suffisamment pertinente pour donner lieu à une vraie histoire, avec un début, un milieu, et une fin... je la laisse flotter dans ma tête. Bien que je note tout, j'oublie relativement rapidement ce qui m'est venu à l'esprit (d'où la nécessité de vite le rédiger), mais quand je me dis que je tiens quelque chose, je relis mes notes, j'étaye, je rajoute d'autres idées, j'y pense, j'imagine des passages, des possibilités de scénarios... Ça peut durer de quelques semaines à quelques mois, ou même quelques années pour des idées que je laisse encore mûrir quelque part en attendant de m'y mettre. En tout cas, j'attends d'avoir assez de matière et de consistance pour me mettre sérieusement au travail.

 

Attention, il ne faut pas imaginer cette période de conception comme des moments qui volettent tels des papillons dans ma vie, au gré de mes inspirations poétiques (toutes pleines de miel). Des fois je me mets à une table avec une feuille et je me concentre, je cherche. Tout n'est pas le fruit de pensées spontanées. Mais quand je tiens un bon concept, je reconnais que ce n'est pas dans cette partie là de mon processus d'écriture que je vais avoir le plus de difficultés. 

 

Ces notes, pensées, bouts d'idées, de passages, de personnages... vont aboutir à la rédaction de mon premier plan. Généralement, je fais ça sur papier, allez savoir pourquoi, mais c'est une lubie que j'ai. J'aime pouvoir étaler toutes mes pages sous mes yeux, rajouter des notes dans les marges, griffonner des trucs qui n'ont de sens qu'à mes yeux... Ce plan qui sera assez grossier, va être la première vraie structure de mon futur roman. Il s'agit généralement des grandes étapes de la narration, détaillées de manière plus ou moins précises. C'est presque à chaque fois très mal écrit, avec beaucoup de mots pour pas toujours dire grand chose parce que je veux être bien sûre que mes idées restent claires à mes yeux. Voilà comment une idée devient concrètement une histoire, avec un début, un milieu et une fin, et là on peut commencer à parler.

3 - Le plan détaillé

 

De mon point de vue, c'est là où les choses sérieuses commencent, où on ne déconne plus ! Dans le plan détaillé, je vais réellement créer et mettre en place tout mon récit, de A à Z. Et c'est indéniablement une de mes parties préférées de l'écriture, si ce n'est la meilleure. 

 

Je suis donc là, avec mon premier plan pas très beau, mais qui a le mérite de me dire un peu où je mets les pieds, et surtout où je dois aller dans mon histoire. Il va m'empêcher de partir dans des directions qui m'empêcheront d'aboutir à la fin que j'ai choisi, et de semer des incohérences par manque de visibilité sur la suite. Pour faire simple, à partir de maintenant, j'invente l'entièreté de mon histoire. Je vais écrire, sur mon plan détaillé, de petits résumés, plus ou moins précis (selon ce qui me viens), chapitre par chapitre. Certains feront cinq lignes, et d'autres une vingtaine. Ça ne définira pas forcément la future longueur du chapitre en lui-même, c'est juste que des fois on sait davantage ce qu'on veut pour certains passages que pour d'autres. 

 

Cette partie du processus d'écriture peut également prendre un certain temps, en fonction de l'inspiration, des idées qui nous viennent, des humeurs qui nous traversent... et oui, un écrivain est très dépendant de lui-même, le jour où ça ne veut pas sortir, y a pas moyen (enfin moi vous ne me ferez pas cracher une ligne le jour où je suis mal lunée). Des fois, c'est le blocage, et je reste plusieurs heures (voire même plusieurs jours) comme une teu-teu devant ma feuille... Oui, je rédige également mon plan détaillé intégralement sur papier... pour être honnête, j'ai récupéré une tonne de feuilles de mes cours de collège et lycée à moitié utilisées (écrites que d'un côté quoi), et je m'en sers pour mes plans à présent. C'est du recyclage... et puis c'est surtout que je ne veux écrire que d'un seul côté des pages, là aussi, pour pouvoir obtenir une vue d'ensemble quand je le souhaite. Est-ce que j'ai des problèmes ?

 

Bref, lorsque je bloque, je dois simplement attendre qu'une bonne idée me vienne, en m'efforçant d'y réfléchir régulièrement, pour ne pas non plus totalement abandonner mon plan. Si on ne l'encourage pas un peu, l'inspiration préfère aller regarder une série sur l'ordi, au moins c'est déjà tout réfléchis. En général, je ne reste jamais en panne très longtemps, et quand j'arrive enfin à me sortir d'un chapitre qui me menait la vie dure, je me retrouve motivée à bloc, fière de l'avoir vaincu ! 

 

C'est jusqu'ici en procédant de cette manière uniquement que j'ai pu arriver à achever un roman. Mon plan détaillé, c'est mon storyboard, c'est mon bébé (presque plus que mon chat), c'est presque déjà un peu mon roman, même si c'est illisible pour toute autre personne que moi. Pour moi, cette partie là de l'écriture est la plus essentielle, je ne vois pas comment arriver à terminer un travail abouti sans avoir bien réfléchis à tous les éléments qui vont composer mon histoire. J'ai besoin d'une structure claire avant de rédiger, sinon ça part dans tous les sens, je me retrouve avec des incohérences, j'oublie ce que j'avais dit d'un chapitre à l'autre, je me mets dans des impasses... bref, je me répète un peu, mais sans mon cher plan détaillé, ça foire, et ça fini en eau de boudin.

 

L'autre détail (qui à son importance à mes yeux) qui fait que je ne peux pas envisager d'écrire sans un plan détaillé, c'est que je n'aime pas du tout (mais alors pas du tout) reprendre un texte de façon majeure. Je m'explique. Je sais qu'un texte, une fois terminé, doit être relu et peaufiné, et qu'on peut même le faire à l'infini si on est très méticuleux, ça je sais le faire, mais l'idée de devoir réécrire des chapitres, reprendre ma trame initiale, réinsérer des morceaux autre part, et bricoler des grosses parties... ça me donne des boutons. Ça me prend le nœud, et il y a de fortes chances (à hauteur de 80% je dirais) que je retombe dans les problèmes de cohérences en essayant de rafistoler, puis que je finisse par abandonner le projet. Alors, le plan détaillé est mon ami, si il est bien travaillé et abouti, à la fin on s'évite ça, et on se donne un ticket pour des changements mineurs, plus de style que de fond. Si c'est pas beau !

4 - Peaufiner le plan détaillé

 

Maintenant, je possède un joli plan détaillé sur un tas de feuilles volantes que j'ai numérotées et accumulées dans un joli porte document (en carton si possible). C'est bien. C'est beau. Et pour ma part, en être là c'est déjà m'octroyer une bonne dose d'auto-satisfaction motivante pour la suite. Mais c'est pas fini !

 

Ce plan, normalement rédigé en quelques semaines (si c'est un roman court) ou quelques mois (si c'est long),  a été fait d'une seule traite (c'est à dire sans interruption de plus d'un mois je dirais... de toute façon c'est moi qui décide des deadlines ici), et bien que j'adore mon histoire sur laquelle j'ai passé tellement de temps, j'ai besoin de souffler. Donc en premier lieu, je lâche un peu prise, je pose mon plan détaillé dans un coin sûr (cette partie est métaphorique si vous êtes plus du genre à écrire sur ordinateur), et je me détends. Sa rédaction nous a demandé beaucoup d'inspiration, de créativité et de concentration et nous sommes beaucoup trop dedans pour avoir le recul nécessaire à la suite de l'aventure. Alors c'est le moment pour vaquer à d'autres petits projets (si on en a le courage), aller au cinéma, sortir un peu plus (picoler comme un trou... hum)... changer d'air en sommes, pour laisser le temps à notre esprit de se renouveler un peu. 

 

Pendant ce temps-là, certaines idées mûrissent, changent un peu, on repense à certains passages dont on était peut-être pas si satisfait en fin de compte... mais après quelques semaines (grosso modo un mois je dirais, mais c'est plus une question de ressenti personnel sur ce coup là), on revient à notre plan détaillé avec un œil neuf (enfin à peu près). C'est le moment de peaufiner un peu tout ça. J'ai déjà lu plusieurs récits d'expériences d'auteur qui avaient le syndrome de celui ou celle qui veut tout changer à chaque fois. Honnêtement, ça ne m'est jamais arrivé alors, juste, je compatis. Pour ma part, lorsque je reviens vers mon plan détaillé (en le relisant intégralement), je remarque ce qui potentiellement ne fonctionne pas, des idées que je n'ai pas rendue comme je le voulais vraiment, des passages que je trouve trop faibles, ou des petites incohérences qui se sont glissées dans mon dos... Je corrige, je remanie, je peux même changer des gros bouts parfois, mais dans un plan c'est beaucoup plus facile, 30 pages de plan vs 200 ou 300 pages de roman, y a pas photo. 

 

C'est également lors de cette partie de mon processus d'écriture que je passe du réel au virtuel, si on peut dire. Je quitte mes fragiles feuilles de papiers pleine de mon écriture digne d'un médecin dyslexique (pourtant je ne le suis pas, ni médecin, ni dyslexique), et je retranscris tout sur mon cher ordinateur. Recopier toutes mes pages me prends un certain temps, mais ça me permet surtout de bien revoir mon plan, de me forcer à bien tout reprendre dans le détail et ne pas juste survoler ce que j'ai écris. De plus, c'est là que se trouve la limite du papier... reprendre ce que j'ai écris est plus que compliqué, le copier/coller n'existe pas encore avec les stylos à encre. De plus, je n'aime pas du tout avoir des ratures partout, on perd en visibilité. 

 

À la fin de cette étape, je me retrouve avec mon plan, intégralement retranscrit sur ordinateur, dans un seul fichier LibreOffice, et normalement terminé. J'ai revu chaque chapitre (mais en général, je n'en modifie pas plus d'un tiers), j'ai ajouté ce qui pouvait manquer, enlevé ce qui était de trop, fait des réajustements sur des personnages ou des situations... j'ai lissé mon futur récit de sorte à ce qu'il m'apparaisse comme une histoire entièrement logique et cohérente, sans flou artistique ou péripétie un peu trop rocambolesque. 

5 - La rédaction

 

Le nerf de la guerre ! Nous y voilà. Là encore, tout se passe sur ordinateur, sinon je décéderais du poignet, et puis la moindre modification et c'est le bazar intersidéral. Que nenni !

 

Souvent, j'attends un peu entre mon dernier pour-léchage du plan détaillé et le début de l'écriture (là encore, question de recul), mais ce n'est pas obligatoire. C'est même mieux d'enchaîner pour que tout soit bien frais dans la tête. Si ce n'est pas le cas, je me fais une bonne relecture du plan (toutes les pages), c'est important, pour se remettre en contexte, se rappeler de la globalité du travail, et surtout éviter d'oublier qu'on avait prévu certaines choses vingt chapitres plus loin, qu'on aurait dû connaître dès le départ pour ne pas écrire de bêtises, et devoir déjà tout remodifier ! (Oui... je dis peut-être ça parce que ça m'est arrivé... ou peut-être que je suis juste super prévoyante !)

 

Après ça, c'est parti ! On suit le plan, parfois on prend des petites libertés, mais aucun changement majeur, sinon il faut tout revoir, ce qui signifie stopper l'écriture, reprendre le plan… et c'est long, et quand ça dure trop longtemps on se lasse, on se démotive… Personnellement je déteste avoir l'impression de ne pas en voir le bout, j'ai besoin de sentir que j'avance. Pour cela, ça peut être pas mal aussi de déterminer des objectifs, mais attention à ne pas trop s'en demander, rester réaliste ça aide à conserver un bon moral. Je ne fais pas de gros planning sur plusieurs mois, parce qu'il y a toujours quelque chose que je n'avais pas prévu dans ma vie personnelle qui vient chambouler mes plans, et ensuite je suis frustrée de ne pas avoir tenu mes objectifs. En général, je me projette sur une semaine, un ou deux chapitres par jour (en fonction de la taille/l'importance des chapitres), et j'essaie de m'y tenir. 

 

Les blocages. Malheureusement, c'est rare qu'on y coupe sur tout un roman. Je ne voudrais pas me la péter, mais je n'ai jamais eu le syndrome de la page blanche (lucky me), je coince parfois une journée, mais c'est plus parce que je ne suis pas dans l'ambiance qu'un manque véritable d'idées. Ce qui devient alors le plus contraignant selon moi (vis à vis de l'ambiance), c'est que dans l'écriture, je dépends entièrement de mon humeur et de mon sommeil. Si je n'ai pas assez dormi, c'est mort, je ne ferais pas une ligne, alors il faut se recoucher en sachant qu'on a plein de travail, tant pis (mais je ne le dis pas à mes amis, ils m'en voudraient de me plaindre de devoir dormir). Si je suis de mauvaise humeur : en colère, triste, sur les nerfs… bah c'est mort aussi. Pas moyen de me concentrer sur une histoire, sur des sentiments, sur des mots, si ça ne va pas dans ma petite tête. C'est embêtant parfois, mais c'est comme ça. Au moins, ça me pousse à prendre soin de moi, à faire en sorte de me sentir bien, à ne pas faire d'impasse sur mes sentiments, sinon ils me le rendent, et je n'écris plus.  

 

Ensuite… que dire de plus si ce n'est que : écrire ça prend du temps. En fonction du nombre de chapitres, des aléas de la vie (quand Belote lèche des chenilles par exemple et qu'on doit aller deux fois chez le vétérinaire… sous la pluie des fois même !), des humeurs... J'écris depuis mon lit, depuis le canapé du salon, depuis des cafés… ça dépend des jours, de la météo et de mon ressenti. Des fois je me bats pour une pauvre page, et des fois je ne regarde plus l'heure pendant 3h (c'est une estimation du coup), je fais six ou sept pages et je suis refaite ! Ce qui compte en tout cas, c'est de ne pas lâcher l'affaire, comme je l'ai dit l'écriture c'est une course d'endurance. Il faut également être patient avec soi-même, écrire ce n'est pas facile tous les jours, quand ça marche moins bien, ce n'est pas forcément de notre faute, alors on se met de la bonne musique, on boit un thé ou un sirop au citron, et on se détend.

6 - Le mot final

 

Une sensation grisante, une satisfaction immense ! Quand on pose le dernier mot, on est bien, on est heureux, on est le maître du monde putain ! Ployez devant mon pouvoir humains ! (J'ai peut-être un peu de problèmes, ok.) Bon par contre ça dure environ un ou deux jours… trois pour les plus déter. Mais franchement… ça les vaut ! On a écrit un roman les gens ! Après… lorsqu'on est entouré comme moi de non littéraires, il faut savoir apprécier une joie relativement modérée (mais je sais qu'ils font ce qu'ils peuvent, et c'est déjà bien). Un petit conseil perso, trouvez-vous des amis ou tout du moins des fréquentations un peu intéressées par le sujet, si vous ne voulez pas être déçu. Bon, sauf si vous ne traînez déjà qu'avec des auteurs comme vous... ce n'est pas mon cas. Mais heureusement, j'ai ma grand-mère, ça vaut toutes les joies du monde.  

7 - La relecture

 

Et c'est pas fini ! Non non non, ne pensez pas que là, on envoie aux éditeurs, et ça roule ma poule. Vous pouvez… c'est tentant j'admets, mais… qui peint des mûrs avec une seule couche ? En soit, un éditeur, dans sa fonction initiale (je vais me retenir de faire un discours sur la situation actuelle de l'édition… ce sera long, et affligeant… mais surtout long), est là pour aider un auteur à remodeler son texte, donc je suppose que si vous êtes Gilles Legardinier, ou Musso ou Levy ou les deux… vous pouvez envoyer le premier jet à votre éditeur. Mais si vous êtes comme moi… vous aurez bien plus de chance d'arriver à quelque chose en retravaillant un peu votre chef d’œuvre.

 

Ce n'est vraiment pas ma partie préférée de l'écriture (je ne pense pas que ce le soit pour qui que ce soit), elle est fastidieuse, mais je trouve qu'elle a le mérite d'être gratifiante. Comme j'ai fait un plan détaillé et ta ta ta ce que j'ai raconté tout à l'heure, je n'ai normalement pas de modifications majeures à apporter à mon texte, ça, c'est tranquillou pilou. Je vais simplement (après une période de vacances/décompression/changement d'idées pour prendre un peu de recul) relire mon roman, et reprendre : les fautes déjà, parce que je sais pas vous, mais quand j'écris (de manière créative, pas des textos) c'est l'usine à fautes. Y en a partout, juste parce que je me concentre uniquement sur ce que je dis et pas comment je le dis. Te-rri-ble ! Il faut également reprendre son texte pour retoucher des phrases, des répétitions, des passages un peu bâclés, parce que ce jour là vous avez écris tout de même mais franchement vous aviez envie d'étriper votre colocataire qui a encore mangé vos gâteaux préférés et laissé traîné sa vaisselle en offrande au Dieu ménage (représenté par n'importe lequel de vos autres colocataires, dont vous… qui détestez la vaisselle)… enfin je raconte ça mais c'est arrivé à un ami, hein !

 

Bref, ça paraît barbant comme ça de juste repasser ce qui a déjà été écrit si longuement pendant des mois, mais si vous n'écrivez pas comme un sagouin, ça va assez vite en vérité. Il y aura normalement peu de chapitres à vraiment retoucher en profondeur, et puis voir défiler les pages, et faire genre 5 à 8 chapitres en une aprèm, ça me fait du bien à ma fainéantise !  Quoi qu'il en soit, il ne faut pas négliger cette étape si vous souhaitez faire éditer ou éditer vous-même votre roman, un lecteur ne regardera pas vraiment votre histoire si elle n'est pas agréable à lire à cause de sa forme mal terminée.

8 - Le repos du guerrier

 

Voilà, c'est terminé. Le texte est fini et prêt à vivre sa petite vie de roman, à la recherche de lecteurs. En tant qu'écrivain(e), c'est le moment de se prendre une pause bien méritée, de souffler, de se détendre, de prendre du temps pour soi (surtout si on a tout donné dans les dernières pages). Pour ma part, après avoir terminé un roman, j'ai besoin de laisser mon esprit créatif vadrouiller un peu, en écrivant moins, mais surtout en écrivant juste ce que j'ai envie d'écrire. Ça donne souvent des textes pèle-mêle, des bouts d'histoires inachevées... mais ça m'est égal, du moment que ça me fait plaisir. J'arrête aussi parfois simplement d'écrire, mais ça, ça ne peut jamais durer longtemps !

 

À côté de l'aspect créatif, commence à la fin de l'écriture d'un roman une autre facette de la vie d'auteur. Qu'est-ce que vous voulez faire de votre futur livre ? Soit vous avez de la chance (ou du talent, ça marche aussi) et vous avez un contrat avec un éditeur : qui pourra vous demander de revoir votre texte je suppose… mais moi je n'ai pas d'éditeur de toute façon, je ne vais pas m'avancer sur ce que je ne connais pas. Soit vous essayez de diffuser votre texte autrement, en auto-édition, via des plates-formes comme Wattpad, ou Amazone… il existe tout un tas de sites et de formules diverses et variées pour ça. Honnêtement, je n'ai pas encore beaucoup exploré cette partie du métier parce que… aucun des textes que j'ai écris ne m'a paru assez bon pour que j'en arrive là. Mais c'est en cours ! Sûrement que je pourrais faire un nouvel article lorsque j'aurais roulé ma bosse à ce sujet… le ciel est sans limite !

Si vous avez envie d'en lire plus à ce sujet, voici quelques blogs que j'apprécie et qui donnent des conseils et méthodes en matière d'écriture. Ça peut toujours servir !

 

- Mécanismes d'Histoires

- Chez Cordelia

- Écriture (tiret) Livres

- Le souffle numérique

Écrire commentaire

Commentaires: 0