· 

Scandale

Titre : Scandale

Réalisateur : Jay Roach

Bande annonce

Genre : Drame, biopic

Durée : 1h49

 

 

Pour la petite histoire :

 

J'ai forcément beaucoup entendu parler (comme tout le monde je suppose) du mouvement #metoo et de l'affaire Harvey Weinsten qui a éclaté dans le milieu du cinéma américain. En bonne féministe, j'ai été outrée et satisfaite (en partie) de l'écho que ça a pu avoir, sur la libération de la parole de la femme et sur le fait que ces actrices (entre autres) aient décidé de ne plus se laisser faire. En revanche, je n'avais pas du tout entendu parler de cette histoire similaire au sein d'une grande chaîne de télévision américaine (bien que ça n'est rien de vraiment surprenant, surtout aux États-Unis). J'ai un peu hésité à aller le voir, je redoutais un peu le parti qu'allait prendre le film, mais mon côté féministe a été piqué au vif. J'ai finalement été trop curieuse de voir ce que ça pouvait donner, du coup j'ai motivé mes deux copines, et c'est parti !

 

 

Résumé du film :

 

Inspiré de faits réels, Scandale nous plonge dans les coulisses d'une chaîne de télévision aussi puissante que controversée. Des premières étincelles à l'explosion médiatique, découvrez comment des femmes journalistes ont réussi à briser la loi du silence pour dénoncer l'inacceptable.

 

 

Ce que j'en ai pensé :

 

Scandale, comme l'indique son affiche, est indéniablement un film de femmes. Nous y suivons les points de vue de ces trois journalistes et présentatrices, qui en sont chacune à différents points de leur carrière, dans cette grande chaîne alimentaire de la télévision qu'est Fox News. Gretchen Carlson (interprétée par Nicole Kidman) est plutôt en fin de carrière, Megyn Kelly (Charlize Theron) à son apogée et enfin Kayla Pospisil (Margot Robbie) en est à ses débuts, en devenir mais déjà très ambitieuse. Les bases sont ainsi posées, nous voilà dans cet étrange univers, inside.

 

Ce film, sans grande surprise puisque nous sommes là pour ça, dénonce le honteux pouvoir malsain exercé par certains hommes dans ces milieux protégés, leur dissimulation volontaire, la loi du silence qui les entoure, pratiquée bien sûr par les hommes mais même par les femmes qui en sont victimes. J'ai apprécié que le film montre tous les aspects néfastes de cette odieuse société télévisuelle, des hommes sexistes et convaincus d'être dans leur bon droit (elles l'ont bien cherché à mettre des jupes aussi courtes, lol), aux femmes qui s'opposent les unes aux autres, se taisent, et ne vont certainement pas se tendre la main, trop conscientes de pouvoir tout y perdre. Le problème est là, visible sous le tapis, mais personne ne peut rien y faire. Le film souligne tout ce qui mène à cette situation, dont sont bien sûr victimes les trois protagonistes : les abus légers puis de plus en plus envahissants, la fine toile d'araignée qui se tisse et permet d'en arriver toujours plus loin sans que personne ne soit inquiété... 

 

D'un point de vue plus cinématographique, j'ai trouvé le film plutôt rythmé malgré l'histoire qui ne s'y prête pas forcément, et subtilement mené. Même si il dénonce clairement ce dont j'ai parlé ci-dessus, le film n'est pas simplement une critique toute prête à envoyer aux hommes de ce système. L'intrigue est complexe dans le monde des femmes, qui se mettent aussi des bâtons dans les roues, qui doivent se démener aussi dans leur propre concurrence, personne n'est une parfaite oie blanche. De plus, il n'y a pas de temps mort, le fait d'avoir trois personnages clefs permet de diversifier les scènes et les situations, ce qui rend le film vivant, et prenant. Sans compter l'incroyable tension qui est instaurée, lorsqu'on comprend peu à peu qu'on va s'approcher de la source du problème (une magnifique et horrible scène avec Margot Robbie... chapeau bas). 

 

J'ai apprécié aussi certaines scènes, pas toujours beaucoup mises en avant, mais plus que révélatrices de la société américaine. Une au tout début, où Megyn se défend d'être féministe devant ses collègues, parce que c'est carrément mal vu. Les faits datent de 2016. Ne pas pouvoir assumer d'être associé au "féminisme", est-ce que c'est pas aberrant ? Une autre, un gros plan sur l'assistance de Roger Ailes, qui sourit d'un air malicieux à Kayla, alors qu'elle sait très bien ce qui va lui arriver dans le bureau du grand patron, qui révèle bien à quel point même les autres femmes ne disent rien et sont complices. Enfin, il y a aussi un beau moment quand les trois protagonistes se retrouvent dans l'ascenseur (peut-être le seul moment où on les voit toutes ensembles ?), un moment tout en regard et tension... mais je vais m'arrêter là, il ne faudrait pas que je raconte tout le film non plus.

 

 

Attention je spoile !

 

J'ai tout de même envie de dire un petit mot sur la fin de cette affaire et de ce film. Scandale montre, explique et dénonce, mais sa fin est ce qu'il y a de plus choquant dans sa sordide vérité. Le film permet de comprendre la position de ces femmes, et ce qu'elle a de honteux, de comprendre les mécanismes et rouages de ces harcèlements. La fin, elle, nous révèle que part la force de quelques unes, qui ont le courage de lancer le mouvement, on peut y mettre un terme... provisoirement. Oui, il y aura presque immanquablement toujours quelqu'un pour reprendre le flambeau et profiter de la puissance de la position pour son propre plaisir. Le système que représente Fox News ne veut pas éradiquer le mal, il jette seulement ce qui a été découvert, pour éviter le scandale, justement, mais du moment que ça marche et qu'il y a de l'argent... tout peut continuer.

 

De plus, le méchant Roger Ailes n'ira pas en prison, mais s'en va avec une énorme prime de départ. Il sera remplacé par un autre, qui dans le film semble clairement fait du même bois que son prédécesseur. Un monstre a été renversé, mais les choses ont-elle vraiment avancées ? La condition de toutes ces femmes s'est-elle vraiment améliorée ? Rien n'est moins sûr.

Écrire commentaire

Commentaires: 0