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Chapitre 2 - Sean

Sean

Mes yeux me jurent que je n'ai jamais vu créature plus magnifique qu'elle. Une beauté qui pourrait ensorceler l'âme d'un homme. Ce n'est pas la première fois qu'il m'est donné d'apercevoir une sirène, mais celle-ci me fait douter de pouvoir un jour rencontrer splendeur plus enchanteresse que la sienne. L'image en restera gravée dans ma mémoire, sans doute à jamais.

 

Sa chevelure blonde couronnée de fleurs étranges et tressée par endroit tombe en cascade sur ses frêles épaules, certaines mèches volant au vent pendant que d'autres, encore humides, collent à sa peau si blanche. Aucune femme sur terre ne pourrait avoir un teint si clair, elle est lumineuse, à en toucher le plus profond de l'être que je suis dans une douleur sourde qui m'étreint le cœur.

 

De là où je suis, je ne peux voir ses yeux. Mais je sais déjà qu'ils sont bleus, bleus comme l'océan auquel elle appartient, comme le ciel sur lequel sa silhouette se découpe délicieusement. Je voudrais plonger dans ce ciel pour oublier que j'ai posé mon regard sur elle.

 

Je sens mon corps se tendre, indépendamment de ma volonté, et je me retiens d'avancer pour ne pas la faire disparaître. Ses bras délicats, semblant comme ciselés dans la plus fine des porcelaines, sont accrochés au rocher. Son buste, recouvert d'un camaïeu de violet dont je suis bien incapable de comprendre la composition, se lève et s'abaisse rapidement. Je sais qu'elle va s'en aller.

 

Mon regard s'attarde sur quelques écailles que j'aperçois, dont le bleu lumineux contraste avec la roche si grise, mordue par les vagues qui projettent quelques gouttes sur elle. Cela n'a rien à voir avec ce que je peux connaître des poissons, elles brillent, luisent d'un éclat doré qui me les font paraître presque irréelles.

 

Alors que je relève les yeux sur elle, elle plonge et disparaît en un instant. Comme si elle n'avait jamais existé.

 

Toujours subjugué, je reste immobile les pieds dans le sable. Je sens la fraîcheur de l'eau qui s'infiltre dans mes chaussures, mais ça n'a pas d'importance. Le bruit de l'océan finit par me ramener à la réalité. Je recule, retourne sur la plage, puis prend la direction du château.  

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